Complètement Cramé! Gilles Legardinier

Lassé d'un monde dans lequel il ne trouve plus sa place, privé de ceux qu'il aime et qui disparaissent un à un, Andrew Blake décide de quitter la direction de sa petite entreprise pour se faire engager comme majordome en France, le pays où il avait rencontré sa femme.
En débarquant au domaine de Beauvillier, où personne ne sait qui il est réellement, il espère marcher sur les traces de son passé. Pourtant, rencontres et situations hors de contrôle vont en décider autrement...

Édition Fleuve Noir
400 pages
19, 50 euros 








Andrew Blake détient une entreprise familiale en Angleterre qui marche du tonnerre. Pourtant, cela ne suffit plus à son bonheur et sur un coup de tête il décide de tout plaquer et de laisser la direction à son assistante.
Il part alors en France, le pays originaire de sa défunte femme pour se faire engager comme majordome.

En s'installant au domaine Beauvillier, personne ne connaît ni son passé ni son ancien travail, ce qui l'arrange beaucoup. Il fait la connaissance de la propriétaire, Nathalie, qui semble au bout du rouleau dans son immense domaine, d'Odile la cuisinière, au fort caractère, mais au grand cœur, de Manon, la jeune femme de ménage qui va devoir affronter une situation imprévue, de Philippe, le régisseur loufoque et sans oublier Méphisto le chat.

Nous allons les suivre pendant 4 mois faisant face à des situations touchantes, rocambolesques qui les aident à se rapprocher les uns des autres. Ce n'est pas seulement un  départ pour Andrew mais, aussi pour tous les autres personnages qui retrouvent leur joie de vivre. Comme l'expression le dit si bien, l'union fait la force.

Complètement cramé est un roman touchant, divertissant et plein d'humour, j'ai particulièrement aimé les piques entre Français et Anglais, par exemple page 261 : "En France, vous faites moins cuire la viande qu'en Angleterre. Chez vous, tout est servi rouge, saignant à l'intérieur.
- Et chez vous, c'est de la semelle [...] Regardez ce que vous avez fait à notre Jeanne d'Arc. Vous l'avez tellement cuite que vous l'avez brulée! ".
 
Une bonne découverte pour moi, qui me donne très envie de lire les deux autres romans de cet auteur, Demain j'arrête ! et Et soudain tout change.

Les + : Des personnages attachants, une jolie couverture, un prix abordable et une belle écriture.
Le - : le personnage de Yanis que je n'ai pas particulièrement trouvé crédible.

Note: 16/20
le site de l'auteur -> ici

Shâb ou la nuit de Cécile Ladjali

 [ Très tôt on m’expliqua que j’étais née dans une grande maison en Suisse. Qu’il y avait des enfants qui naissaient dans les ventres et d’autres dans les grandes maisons. Je tirai de cette vérité originelle me concernant une sorte d’orgueil tout aristocratique. Les grandes maisons c’était quand même beaucoup mieux que les gros ventres sales et mous en lesquels certains bébés avaient la malchance de croître. Et puis la Suisse restait un territoire idéal, pas vraiment terrestre, recouvert d’une neige tiède comme du lait. Une sorte de lieu intermédiaire, situé au seuil de la vie, où la nuit n’était qu’une fente ouverte sur le jour au sein duquel, un matin, la peur nous expulsait. ]

Édition Actes Sud
320 pages
21 euros



Auteur de plusieurs romans tels que Aral, Ordalie ou Les Souffleurs, Cécile Ladjali  se livre dans son roman autobiographique, Shâb ou la nuit. D'origine Iranienne, elle est née en Suisse et sera adoptée par une famille franco-algérienne qui vit sur Paris.
Nous la suivons au fil des pages durant son enfance,son adolescence puis pendant ses études de Lettres Modernes à Paris où elle se découvre une passion pour la  littérature. Son parcours l'amènera à devenir professeur des écoles.

Malheureusement, je n'ai vraiment pas apprécié cette lecture, tout d'abord, parce que je n'aime pas lire les autobiographies qui, je trouve, force à rentrer dans l'intimité des écrivains. D'ailleurs l'auteur elle-même donne un très bon aperçu sur ce que je ressens à la lecture d'un texte autobiographique : "Je cultivais d'ordinaire beaucoup de mépris pour l'autofiction qui d'après moi ne donnait que des textes complaisants sans profondeur" (p187).

De plus, l'attitude de Cécile Ladjali envers son enfance est vraiment méprisante. Elle est très négative à l'égard de ses proches, de sa maison "banlieue sinistre" (p31), etc. Elle m'a fait penser à une enfant capricieuse voir odieuse. Malheureusement, cela ne me donne pas du tout envie de découvrir ses autres romans!

Le seul point positif de ce roman est lorsque l'écrivain effectue un voyage en Iran et où elle découvre et apprécie la culture du pays.

En bref, j'aurais voulu en savoir plus sur la quête de ses origines iraniennes plutôt que sur son ressenti amer de son enfance.

note: 9.5/20

Une faiblesse de Carlotta Delmont - Fanny Chiarello

En avril 1927, alors qu'elle vient de triompher dans sa première Norma parisienne, Carlotta Delmont disparaît. Fugue, suicide, enlèvement ? Pendant deux semaines, la police, la presse, le public et les proches de la cantatrice américaine s'interrogent. Jusqu'à ce qu'elle reparaisse et que leurs interrogations se reportent sur les raisons de sa fuite. Où était-elle pendant tout ce temps ? Avec qui ?


           ----Édition de l'Olivier
                      18 euros
                     183 pages-------

Carlotta Delmont, cantatrice célèbre des États-Unis est invitée à l'opéra Garnier de Paris pour interpréter Norma. Peu de temps après avoir été acclamé par le public français, Carlotta disparaît. Suicide? Meurtre? Enlèvement? La police française et le monde entier sont en émoi après ce tragique évènement.
Deux semaines plus tard, là voilà qui réapparait...


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Une faiblesse de Carlotta Delmont relate la déchéance d'une femme qui a seulement voulu se libérer de sa vie programmée par autrui.
En effet, depuis plus de dix ans, Carlotta ne vit plus qu'à travers les représentations, les illusions et le monde "glamour" de l'opéra. Elle se donne corps et âme pour donner vie aux personnages tragiques qu'elle interprète dans l'espoir de plaire au public tout en délaissant sa propre existence.

Pendant son voyage à Paris elle se rend compte qu'elle sacrifie sa vie, son identité pour se mettre dans la peau de la grande cantatrice façonnée depuis son jeune âge pour le public.

Ne supportant donc plus son quotidien, elle décide de fuir pour être enfin libre. Cependant, ce roman de 183 pages qui mélange avec succès plusieurs genres  (épistolaire, coupure de presse, pièce de théâtre ou journal intime) nous montre que la liberté à toujours un prix

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L'auteur pose des problématiques comme, Sommes-nous maître de notre vie? A t-on le droit de juger  la vie d'autrui?

note: 13/20
le site officiel de l'écrivain: ici

Juste avant le bonheur d'Agnès Ledig

Cela fait longtemps que Julie ne croit plus aux contes de fée. Caissière dans un supermarché, elle élève seule son petit Lulu, unique rayon de soleil d’une vie difficile. Pourtant, un jour particulièrement sombre, le destin va lui tendre la main. Ému par leur situation, un homme généreux les invite dans sa maison du bord de mer, en Bretagne. La chance serait-elle enfin en train de tourner pour Julie ? Agnès Ledig, auteur de Marie d’en haut, Coup de cœur du grand prix des lectrices de Femme Actuelle, possède un talent singulier : celui de mêler aux épisodes les plus dramatiques de l’existence optimisme, humour et tendresse. Dans ce roman où l’émotion est présente à chaque page, elle nous fait passer avec une énergie communicative des larmes au rire, elle nous réconcilie avec la vie. Juste avant le bonheur fait partie de ces (trop) rares livres qu’on a envie de rouvrir à peine refermés, tout simplement parce qu’ils font du bien ! 








Julie a vingt ans et elle est caissière. Chaque jour est un combat quotidien entre les vacheries de ses collègues, le comportement douteux de son patron et ses horaires invraisemblables. Heureusement, une petite étincelle vient égayer sa vie, son fils de trois ans, Lulu. C'est grâce à lui qu'elle trouve la force d'avancer et donne un sens à son existence.

Un jour ordinaire, Julie fait la connaissance d'un client pas comme les autres, celui-ci la respecte et fait même attention à elle. Il s'agit de Paul, un homme retraité de 54 ans qui vient de divorcer et est heureux de sa nouvelle situation. Malgré sa réaction de méfiance au premier abord, une drôle d'amitié se lie entre les deux personnes. Touché par la condition dégradante de Julie, Paul lui propose de l'emmener elle et son fils en Bretagne, où son fils unique à lui, Jérôme, docteur lassé, viendra les rejoindre.Après quelques réticences, Julie décide  de profiter du peu de temps libre à sa disposition pour accompagner Paul dans la maison familiale au bord de mer. Ensemble, ils vont apprendre à se connaître, s'apprivoiser et même réapprendre à être heureux, jusqu'au retour, où un dramatique accident éclate...

                                                        *****

Pendant ces 343 merveilleuses pages, nous faisons la connaissance de personnages plus attachants les uns que les autres,
 Nous avons Julie, que la vie n'a pas laissé indemne. Tout d'abord, par une enfance éprouvante avec un père brusque et porté sur la bouteille et une mère passive face aux circonstances.
Après son baccalauréat scientifique, elle a été contrainte d'arrêter ses études pour élever seule son fils, Lulu. Depuis, elle vit dans un logement social et travaille comme caissière en Alsace où sa paye lui suffit à peine à payer le loyer et à se nourrir.

Paul est un jeune retraité qui ne sait que faire de son argent , c'est un homme attentionné, aimant et très généreux, qui n'hésite à venir en aide au plus pauvre que lui, sans rien attendre en retour, à part, peut être, un petit sourire.
Lorsque Julie rencontre Jérôme, celui-ci reste dans son coin quelque peu grincheux. Nous comprenons par la suite le drame qu'il a dû faire face quelque mois auparavant. 

Nous rencontrons aussi d'autres personnages tout aussi hauts en couleur et réalistes, comme Caroline, le médecin  remplaçant de Jérôme le temps de son répit en Bretagne et Romain, un jeune kinésithérapeute.

                                                         *****
 
Juste avant le Bonheur est un livre bouleversant, émouvant qui associe avec brio des évènements dramatiques et les joies simples du quotidien. C'est un roman au sujet très réaliste : la vie sans fioriture. La vie est parfois dure, éprouvante mais la félicité n'est jamais loin.
                    ---------Carpe Diem----------

Biographie : ici

note: 18/20

Les gens sont les gens de Stephane Carlier

Nicole Rivadavia est une psychanalyste parisienne de 57 ans au bout du rouleau.
Foufou est un porcelet de 6 semaines enfermé dans une cabane au fin fond de la Bourgogne. Ce livre raconte leur improbable rencontre, et comment ils vont se sauver l'un l'autre...

Après Grand amour, Stéphane Carlier signe une comédie tonique et attachante qui, par-delà sa drôlerie, est aussi l'histoire d'une femme qui se réinvente. Plus qu'un roman, un antidépresseur !

 Je débute la sélection du sixième prix des lectrices confidentielles avec un avis plutôt mitigé sur le dernier roman de Stéphane Carlier. Je m'explique.
                                                                      ***

 L'auteur nous plonge dans son court roman de 160 pages au sein du quotidien morose d'une psychanalyste parisienne, Nicole Rivadavia. Voulant s'échapper de son train de vie ennuyeux le temps d'un week-end, elle décide de rentre visite à son ancienne voisine qui a déménagé à la campagne. Là-bas, elle fait la rencontre étonnante d'un cochon, foufou. Elle se résout alors à le ramener avec elle dans la capitale. Sera-t-il la solution d'un bonheur à portée de main?
                                                                
                                                                      ***
Notre protagoniste principal de 57 ans est une psychanalyste spécialisée dans les troubles psychosomatiques et elle en a marre de son boulot : "elle était lasse, crevée, exténuée de ce métier" (page 16). En plus de ses problèmes liés à son travail, son couple est à l'agonie. Nicole ne supporte plus son mari Jean-pierre avec qui elle ne fait pratiquement plus rien. Enfin, son soudain attachement à un porcelet peut sembler un acte irrationnel, mais signe une belle rencontre vitale que ce soit pour l'un comme pour l'autre.

Si le manque de profondeur psychologique des personnages est un point faible du roman, a contrario, un point fort de ce roman composé en trois parties, est l'écriture de Stéphane Carlier. Celle-ci est légère, fluide et délicate.
                                                                     ***

En conclusion, Les gens sont les gens est une lecture plaisante, mais qui aurait pu gagner en profondeur si certains aspects avaient été plus développé car l'intrigue principale proposée est originale. Il peut être qualifié de roman "éphémère", c'est-à-dire, un roman divertissant qu'il fait passer un bon moment de lecture sur le coup, mais qui ne restera pas gravé dans ma mémoire. Enfin, le petit plus de ce livre est sa charmante couverture que je trouve très rafraîchissante et en total adéquation avec le roman!

note: 12.5/20
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