jeudi 21 juin 2012

La couleur des sentiments




 [ Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même laisser un mot.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. ]


Mes impressions:

En 1896, la cour suprême autorise les États-Unis à mettre en œuvre une ségrégation raciale, c'est-à-dire, une séparation physique entre noir et blanc dans les lieux publics (restaurant, école, toilette..), en plus de la  discrimination déjà en place.

La couleur des sentiments se déroule dans les années 1960, au Mississippi  dans la ville de Jackson où la ségrégation est omniprésente mais semble s'essouffler grâce notamment aux actes des militants pour les droits civiques comme Martin Luther King (en 1963, il prononce à Washington son célèbre discours "I have a dream"). C'est dans ce contexte que Kathryn Stockett plante son histoire et ses personnages.

Nous avons d'un côté, les riches familles de blancs, où les femmes passent leur temps entre partie de bridge et association de "charité" pour se faire bien voir. Ces dames sont superficielles, elles vivent pour exister aux yeux des autres. Lancer des rumeurs font partie de leur quotidien.
De l'autre côté, nous avons la population noire, où chacun doit y mettre du sien pour vivre, les enfants sont contraints d'abandonner les études par manque d'argent, les femmes deviennent bonnes pour les familles blanches, les hommes travaillent dans des usines.

Pour mieux comprendre la situation et les différents points de vue, l'auteure a judicieusement  décidé de faire alterner la narration du roman . Nous suivons alors deux bonnes noires : Aibileen et Minny ; ainsi qu'une femme blanche: Skeeter.

Cette dernière, est la seule blanche à vouloir faire bouger les choses, elle décide alors d'écrire un livre sur le quotidien de bonnes noires au service des familles blanches à travers leur témoignage, pour qu'enfin elles se fassent entendre.

J'ai beaucoup aimé la solidarité qui lie les bonnes entre elles, qui s'unissent  malgré une certaine réticence  par peur de représailles. Nous découvrons leurs vécus dans les différentes familles de blancs, leurs joies et leurs colères fassent à la situation actuelle.

J'ai adoré les personnages crées par l'auteure, certains sont attachants, bouleversants, mais aussi détestable .



Commençons par les trois personnages principaux, toutes très attachantes:
Aibileen, est une bonne âgée d'une cinquantaine d'année qui s'occupe principalement des enfants dans les familles blanches. Elle commença à l'âge de 14 ans et s'occupa de 17 enfants en tout. Elle leurs donnera l'attention qu'ils n'ont pas eu de leur propre mère, comme avec la dernière en date Mae Mobley, la fille d’Elizabeth Leefolt.  C'est le personnage le plus touchant du roman selon moi. Son fils unique est mort et c'est la première à accepter de parler de son expérience pour le livre de Skeeter.

Minny, est une dure à cuire, qui, à cause de son insolence se fait souvent renvoyer (au moins une vingtaine de fois). Son talent? la cuisine, elle est considérée comme la meilleure cuisinière de Jackson ville, surtout pour sa tarte au caramel, Miss Hilly Hoolbrock en sait quelque chose (voir épisode de la tarte ^^). Cependant, Minny n'a pas la vie facile dans le privée, à cause de son mari Leroy.

Miss Eugenia, prénommée Skeeter est une jeune femme de 24 ans qui vient de terminer ses études à la faculté. Elle rêve de devenir journaliste ou écrivain quand sa mère, rêve de la caser.
Contrairement à ses deux amies Miss Hilly et Miss Elizabeth, qui souhaitent continuer la ségrégation raciale en imposant un projet de loi pour imposer des toilettes séparées entre noir et blanc, Skeeter souhaite faire évoluer les choses. C'est une jeune femme indépendante et très moderne bousculant les traditions familiales.
Elle cherche à tout prix retrouver Constantine, la bonne qui l'a élevée. Contrairement à ces autres dames, elle ne méprise pas les domestiques une fois adulte.

Passons aux personnes un peu moins sympathique maintenant:

Nous avons à la première place.... Miss Hilly Hoolbrock! sans elle, le livre n'aurait pas la même saveur.
C'est une jeune femme hautaine, qui se croit au-dessus de tout le monde y compris de son groupe d'amies blanches. Quand elle veut quelque chose, elle cherche à l'obtenir par tous les moyens.
Son racisme à l'égard des personnes noires, provient de sa peur d'attraper des maladies "transmises" par les noirs.
Elisabeth Leefolt, est une femme sans intérêt et  bête dans le sens où elle suit les moindres faits et gestes de son amie Hilly. Elle ne réfléchit jamais par soi-même. De plus, c'est une mauvaise mère, elle ne prête aucune attention à sa fille pas assez bien pour elle, sauf pour la battre. Sa fille n'est rien d'autre qu'un accessoire de sa réussite sociale. Elle donne l'image d'une famille parfaite, mais tout ceci n'est qu'illusion.

Concernant l'écriture de Kathryn Stockett, je dois dire que j'ai beaucoup aimé sa forme de narration, alternant les points de vue des personnages, elle arrive très bien à se mettre à leur place.
J'ai particulièrement aimé les pages qu'elle a rajouté à la fin expliquant sa propre expérience au moment de la ségrégation. On peut l'a rattacher au personnage de Skeeter. Comme elle, elle aimait beaucoup sa bonne et veut lui rendre hommage à travers La couleur des sentiments.
En bref, un magnifique roman sur l'amitié, la trahison, la tolérance, le racisme, les rumeurs. Un roman émouvant à lire absolument !!

Note: 10/10
Le film retranscrit bien les émotions que l'on peut avoir tout le long du livre, malgré quelque modifications, je trouve qu'il correspond bien à l'ambiance du livre. 

Sa biographie : ICI

 


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samedi 9 juin 2012

Daisy Miller



Daisy Miller est jeune, belle et riche, mais son indépendance et ses manières excentriques d'Américaine choquent la vieille société européenne qui lui ferme ses portes. Toujours accompagnée de Giovanelli, un jeune mondain chasseur de dots, elle compromet sa réputation avec désinvolture. Même Winterbourne, son meilleur ami, ne croit plus à son innocence. Un soir, alors qu'elle contemple le clair de lune au pied du Colisée, elle contracte une maladie mortelle...
Un admirable portrait d'une femme libre dans une société engoncée dans ses préjugés.


Mes impressions: Premier livre lu de cet auteur qui nous offre dans cette nouvelle de 106 pages, le portrait d'une jeune américaine libre et insouciante face aux préjugés émis à son égard par la haute société européenne.


Frederick Winterbourne est un jeune américain de 27 ans en visite chez sa tante en Suisse. Il fait la connaissance à l'hôtel d'une autre famille américaine, celle des Miller, dont Daisy fait partie. 

Winterbourne est tout de suite attiré par cette jeune femme au fort caractère et à la langue bien pendue.

Dès le début, une barrière se met en travers de leur amitié, la tante de fredérick, Mrs Costello. Celle-ci refuse que son neveu fréquente une femme indigne de son rang social, elle juge la jeune fille sans la connaître pour le seul motif que Daisy soit moins fortunée et ayant de moins bonnes manières."ils sont très communs, déclara Mrs Costello. Ils font partie de cette sorte d'Américains qu'on se doit de ne pas admettre".

F. Winterbourne ne connu que deux jours Mrs Miller, mais celle-ci lui fit forte impression, c'est pourquoi quelque mois plus tard, il décide de la revoir à Rome...

Daisy Miller est une jeune femme émancipée, libre de ses choix et qui se fiche des ragots qui fulminent à son sujet: " Je n'ai jamais autorisé aucun monsieur à me dicter ma conduite, ni à se mêler de mes affaires"
Elle est aussi naïve, trop confiante envers l'humanité. Elle cherche l'attention des hommes en délaissant les bonnes manières et les conversations avec la bonne société.

Tout le long du roman, Winterbourne cherche à savoir si Daisy est une "fille bien"  ou si elle fait dans la provocation pour attirer les regards sur elle : "il se demandait si l'attitude provocante de Daisy venait de la conscience de l'innocence, ou d'un mépris fondamental pour le qu’en-dira-t-on".

Jusqu'au bout Daisy Miller vivra sa vie librement selon ses propres règles, ses propres principes.

Contrairement à Daisy, Frederick, vient d'une famille noble d'Amérique, il a été élevé et vécu une partie de sa vie en Europe. Même si sa tante est exécrable, il tient compte de ses conseils et reste dans le droit chemin pour ne pas déplaire au mœurs de la société. Malgré cela, il essaye de défendre tant bien que mal Daisy auprès de la société.

Henry James nous parle à travers sa merveilleuse plume de l'expatriation des Américains vers l'ancien Monde. Ces Américains adoptent le mode de vie européen qui met l'accent sur l'éducation, la culture et l'art de la conversation.
L'autre thème évoqué par Henry James dans cette nouvelle est le fait de vivre ou non sa vie pleinement. D'un côté nous avons la haute société qui vie selon des manières très précises, qui ne s'accorde aucune fantaisie et de l'autre, des personnes comme Daisy Miller qui vive pleinement leur vie tout en étant rejetée pour ne pas être dans les normes.

J'ai bien aimé cette nouvelle, dommage qu'elle ne soit pas plus longue.  Une bonne découverte pour moi.


Note: 8/10


     Biographie: ICI

Lu dans le cadre du Challenge Gilmore Girls:
4/6





vendredi 1 juin 2012

Le portait de Dorian Gray


Le héros de l'unique roman d'Oscar Wilde doit rester éternellement jeune : son portrait seul sera marqué progressivement par le temps, les vices, les crimes, jusqu'au drame final. Dans ce chef-d'oeuvre de l'art fin de siècle (1890), l'auteur a enfermé une parabole des relations entre l'art et la vie, entre l'art et la morale, entre le Bien et le Mal.


 Mes impressions:

Après avoir lu il y a quelque temps "le fantôme de Canterville" de cet auteur, je me suis attaquée à son seul roman considéré comme un chef-d’œuvre. 

  L’histoire commence dans l’atelier du peintre Basil Hallward. Celui-ci se trouve en compagnie de son ami, Lord Henry. Basil parle de son nouveau tableau, le meilleur qu’il n’est jamais peint ; un portrait de son nouveau modèle : Dorian Gray.

Basil Hallward explique sa rencontre bouleversante  avec Dorian Gray « Quand nos yeux se rencontrèrent, je me sentis pâlir. Une étrange sensation de terreur m’envahit. Je sus que j’étais en face de quelqu’un dont la seule personnalité était si fascinante que, si je le permettais, elle s’emparerait de toute ma nature, de toute mon âme, de tout mon art lui-même ».

 Lorsqu’Henry le rencontre à son tour et tout comme son ami, il va voir un jeune homme d’une pureté d’esprit presque naïve, d’une beauté angélique. Il va vouloir le mettre sous son aile et lui apprendre les plaisirs de la vie. 

Quand le tableau fut achevé, Lord Henry fait comprendre à Dorian, qu’il faut profiter de sa jeunesse car bientôt, il deviendra ridé, vieux, alors que le tableau, lui renverrait toujours cette pureté angélique. Dorian se rend compte de la brièveté de la vie : « Comme c’est triste ! Je deviendrai vieux, horrible, hideux. Mais le portrait restera toujours jeune. Il ne sera jamais plus vieux qu’en ce jour de juin…Si seulement c’était le contraire ! Si c’était moi qui restais toujours jeune et que ce fût le portrait qui vieillît ! Pour cela…Pour cela je donnerais n’importe quoi. Je donnerais mon âme pour cela ! » 

 Dorian en disant cela, ne pensait pas réellement ce qu’il prononça, et pourtant…

Lord Henry, est un homme immoral et cynique. Il profite des plaisirs de la vie, sans se soucier des conséquences, car pour lui, bonne ou mauvaise, toute expérience est bonne à prendre. Il joue un rôle très important dans ce roman, c’est lui qui bouleverse la vision et les pensées de Dorian Gray.

 Alors que Lord Henry représente la tentation, les plaisirs futiles ; Basil Hallward espère naïvement à la bonté et la  pureté de son modèle dont, semble-t-il en est tombé amoureux.

On remarque tout de suite l’évolution déclinante dans le caractère de Dorian, il passe d’un jeune homme naïf et pur à un homme corrompu profitant de sa jeunesse, s'adonnant à tous les pêchés et vices possible.  L’élève dépassera le maître ( lord Henry) dans ses propres domaines. Même si à la fin du livre, il essaye de changer de mode de vie, il n’y arrive pas, il est trop corrompu : « chassez le naturel, il revient au galop ».

Malgré son antipathie, j’ai réussi à apprécier le personnage de Dorian Gray, que je considère plus comme la victime de son destin, un peu comme Œdipe.

Oscar Wilde a incontestablement un très bon style, ce roman est riche et  très bien écrit. 
 L’auteur cherche à nous montrer dans son roman que les apparences sont trompeuses, mais on ne peut pas mentir à notre âme. Car même si Dorian arrive à rester intact physiquement, alors que normalement « le péché s’inscrit sur le visage de l’homme », sa monstruosité se voit sur le tableau qui renferme son âme. Le tableau est le visage de son âme.

J'ai trouvé la vision de la femme décrite assez misogyne , après savoir si l'auteur s'exprimait à travers, je ne sais pas.

En Conclusion,l'auteur nous conte une histoire fantastique aux thèmes plutôt sombres. C'est un livre qui fait réfléchir à la vie et à son caractère éphémère.

J'ai regardé la dernière adaptation cinématographique "Dorian Gray", et je peux vous dire qu'elle n'est pas vraiment fidèle à l’œuvre, j'en sors plutôt déçue. Des éléments sont complètement modifiés, d'autres totalement inventés.

Ma note: 8.5/10
Le Portrait de Dorian Gray
Le film
Biographie: ICI
                                                        

 

LU dans le cadre des challenges:

4/12
3/6