dimanche 16 juin 2013

Danse à Boston de Tina Howe



 Painting Churches (1976) met en scène une situation ordinaire - un déménagement - avec une férocité comique, tout en laissant place à des instants de grâce poétique. La scène se déroule à Boston, chez les Church. Le père, éminent poète au bord de la sénilité, égrène vers, rimes, et souvenirs d'Ezra Pound ou de Robert Frost. La mère, sous ses apparences excentriques et mondaines, veille sur lui d'un oeil impitoyable et tendre, tout en s'efforçant de remplir d'interminables cartons. Arrive leur fille unique, jeune peintre en pleine ascension, qui vient pour aider ses parents à déménager, mais aussi pour peindre leur portrait.
Prix et Pages: 14 euros pour 157 pages
Edition:  Presses universitaires du Mirail 

Tina Howe est une auteure dramaturge du XXIe siècle assez peu connue en France et qui gagnerait pourtant à l’être. Elle commence à écrire des pièces de théâtre dans les années 70, mais elle ne sera rendue célèbre qu’à partir de sa pièce Painting Churches, traduit en Danse à Boston au édition Presses universitaires du Mirail et qui fut récompensé par trois prix littéraires américains.
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Danse à Boston est une pièce de théâtre en deux actes (et non trois comme nous l’indique la quatrième de couverture !) qui relate le déménagement de la famille Church. Celle-ci habite la prestigieuse maison sur Beacon Hill à Boston, mais par manque d’argent, ils sont contraints de vivre à l’année dans leur plus modeste habitation sur la presqu’île de Cape Cod.

Fanny et Roland Church ont respectivement 60 et 70 ans, ils ont un enfant unique, Catherine, dit Cathy, qui est âgée d’une trentaine d’année.
Fanny, tout comme son mari, vient d’une illustre famille de Boston, c’est une femme extravagante qui essaye de rester élégante malgré leur situation précaire. Cependant, elle vit plutôt mal son vieillissement.
Son mari, Roland, est un poète célèbre qui gagna en autre le prix Pulitzer, toutefois, depuis quelque temps, il a beaucoup de mal à produire une œuvre car il perd peu à peu ses moyens physiques et mentaux…
Leur fille Cathy doit leur rendre visite avant le déménagement pour faire leur portrait. En effet, c’est une artiste peintre qui semble s’être rapidement émancipée de sa famille ainsi que de leur milieu aristocratique.

Cette émouvante pièce rappelle sous certain aspect celle d’ Oh les beaux jours de Samuel Beckett. En effet, nous avons tout d’abord la dégénérescence des êtres, avec Fanny qui se plaint de ne presque plus avoir de dent, tandis que son mari commence à perdre la tête. De plus, les personnages se rappellent tour à tour des souvenirs qu’ils ont en commun, soit en relation avec leur vie commune dans la maison sur Beacon Hill, soit dans celle sur Cape Cod. Ces souvenirs leur permettent de combler le vide de leur vie quotidienne.

C’est une belle satire sur la vieillesse ainsi que sur la peur de la mort qui rôde autour de deux de ses personnages que nous offre Tina Howe. Elle nous décrit le caractère éphémère et fragile de la vie ainsi que sa préciosité. C’est donc une belle réflexion à la fois sur l’approche de la mort mais, aussi sur l’importance d’apprécier l’instant présent.

En bref, Danse à Boston est une pièce contemporaine riche en émotion que nous propose Tina Howe, écrite dans un style fluide et utilisant avec brio l’humour noir.


Note: 7/10


Merci à Babelio pour Masse critique ainsi que les éditions Presses Universitaires du Mirail pour ce partenariat!